Bernard Lavillier/Pascal Arroy2001

Les Mains d'Or

Cette chanson fait partie de l’album "Arrêt sur image" (2001).
Lavilliers consacre ce titre au désespoir d'un ouvrier au chômage, sans grand espoir de reconversion en raison de la disparition ou du déclin des secteurs industriels traditionnels (les mines, la sidérurgie et ses laminoirs évoqués dans la chanson, le textile...). La surproduction, l'apparition de nouveaux produits, la concurrence étrangère moins chère...

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminées muettes, portails verrouillés
Wagons immobiles, tours abandonnées
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait, la nuit, de vieux châteaux forts Bouffés par les ronces, le gel et la mort Un grand vent glacial fait grincer les dents Monstre de métal qui va dérivant
 
J'voudrais travailler encore, travailler encore Forger l'acier rouge avec mes mains d'or Travailler encore, travailler encore Acier rouge et mains d'or
 
J'ai passé ma vie là, dans ce laminoir Mes poumons, mon sang et mes colères noires Horizons barrés là, les soleils très rares Comme une tranchée rouge saignée sur l'espoir
 
On dirait le soir des navires de guerre Battus par les vagues, rongés par la mer Tombés sur le flan, giflés des marées Vaincus par l'argent, les monstres d'acier
 
J'voudrais travailler encore, travailler encore Forger l'acier rouge avec mes mains d'or Travailler encore, travailler encore Acier rouge et mains d'or
 
J'peux plus exister J'peux plus habiter Je sers plus à rien, Y'a plus rien à faire.
Quand je fais plus rien Je coûte moins cher Que quand je travaillais,
D'après les experts.
 
J'me tuais à produire
Pour gagner des clous C'est moi qui délire,
Ou qui devient fou?
J'peux plus exister
J'peux plus habiter Je sers plus à rien,
Y'a plus rien à faire.

 
Je voudrais travailler encore, travailler encore Forger l'acier rouge avec mes mains d'or Travailler encore, travailler encore Acier rouge et mains d'or